Vous avez dit post-éditrice ? Quelques éléments d'un parcours personnel
Anne-Marie Robert, A.M. TILT Communications

RÉSUMÉ

L’apparition de la traduction automatique dans l’industrie des langues a notamment eu pour conséquence la création d’une nouvelle activité langagière : la post-édition. Elle consiste à associer diverses technologies de prétraduction automatique et de traduction assistée par ordinateur et a pour objectif d’accroître la productivité pour faire face à l’augmentation du volume de traduction. Le post-éditeur a pour tâche d'intervenir après une machine pour assurer une qualité humaine. Le contexte, le mode de fonctionnement, la pratique professionnelle, les compétences, l'environnement technologique et les questionnements propres à l’exercice de cette spécialisation sont expliqués dans cet article sur la base du partage d’expérience d’une post-éditrice qui dresse son portrait professionnel.

ABSTRACT

The appearance of machine translation in the language industry has given rise to a new language activity: post-editing. This consists in using a combination of various machine translation and computer-aided translation technologies with the aim of improving productivity to cope with ever-increasing translation volumes. The post-editor's task is to go over the work produced by the machine to guarantee that the quality is up to human standard. The context, methodology, professional practices, skills, technological environment and problems posed by this new specialisation are explained in this article in which a practising post-editor shares her experience with the reader by painting her own professional portrait.

MOTS CLÉS

Post-édition, post-édition évoluée professionnelle, spécialisation, traduction automatique, nouvelles technologies, intelligence artificielle, ingénierie linguistique, TAO (traduction assistée par ordinateur), productivité, niveau de qualité.

KEYWORDS

Post-editing, specialisation, machine translation, new technologies, artificial intelligence, computer-assisted translation, productivity, quality standards.

Introduction

Les impacts de la traduction automatique sur les traducteurs sont tels qu'ils ont notamment donné lieu à une nouvelle activité langagière : la postédition. Cet article a pour objectif de répondre aux questions suivantes : comment et pourquoi devient-on postéditrice ? En quoi consiste le travail d'une postéditrice ? Quel regard une postéditrice porte-t-elle sur l’exercice de son métier ?

1 Profil professionnel

1.1  Premiers pas dans la postédition

Vous avez dit : « langagière » ?

Originaire du Pays de Montbéliard, le berceau des automobiles Peugeot, j'ai depuis mon plus jeune âge baigné non seulement dans l'industrie technique, mais aussi dans l'interculturalité du fait de la proximité avec les frontières allemande et suisse. Cette tendance s’est par la suite confirmée avec l'étude de langues étrangères appliquées en anglais et espagnol (Université Lyon 2), puis de la traduction technique à l’ITIRI (Institut de Traducteurs, d’Interprètes et de Relations Internationales de l’Université de Strasbourg). Passionnée d'informatique et de nouvelles technologies, j'y ai rédigé mon mémoire de traduction de fin d'études supérieures sur la thématique de ce que l'on appelait en 1996 « les autoroutes de l'information ». Strasbourg ne comptait alors, en tout et pour tout, que deux cybercafés, et Internet et le courrier électronique n'avaient pas encore fait leur apparition dans le monde universitaire.

J'ai obtenu en 1996 un premier poste de salariée en Irlande chez International Translation & Publishing, qui a joué un rôle de pionnier dans l'industrie de la localisation dans les années 1990. J'y ai appris à localiser des interfaces logicielles, des rubriques d'aide en ligne et des documentations techniques et commerciales dans un environnement informatique à la pointe de la technologie, notamment en matière de TAO.

Dès mon retour en France au printemps 1997, j'ai commencé à proposer mes services en tant que traductrice technique et marketing indépendante à Lyon. Au fil des années, je me suis spécialisée dans la localisation informatique et multimédia, l’ingénierie linguistique et la TAO, les nouvelles technologies (reconnaissance vocale, Web 2.0, informatique dématérialisée), la terminologie spécialisée, l’assurance qualité en traduction, l’adaptation interculturelle et la gestion de prestations de services en communication multilingue et multimédia. Dès 2001, j'ai été sollicitée pour mettre en place des modules de formation en TAO et en localisation dans plusieurs établissements universitaires. Mon engagement corporatiste m'a par ailleurs amenée à prendre des responsabilités au sein de la SFT (la Société française des traducteurs, qui est le syndicat français des traducteurs professionnels) afin de militer en faveur de la déontologie du traducteur professionnel, de faire de la veille traductionnelle et de réseauter au sein de la communauté de traducteurs.

En 2000, dans un contexte de fortes mutations technologiques, j'ai reçu une proposition de collaboration à un projet pilote, dans le cadre de la localisation du progiciel de gestion intégré SAP. Il s'agissait d'associer des moteurs de pré-traduction automatique à des outils de TAO pour augmenter la productivité des localisateurs, ce processus étant le précurseur de ce que l'on désigne aujourd'hui par « post-édition ». La curiosité l'a emporté sur la perplexité et la suspicion.

1.2  L’univers de la post-édition

Vous avez dit : « curieuse d’esprit » ?

Les progrès technologiques et les impératifs économiques ne cessent de révolutionner la pratique de la traduction professionnelle. L'association intelligente de diverses technologies de traduction assistée par ordinateur et de prétraduction automatique a donné lieu à une activité inconnue jusqu’alors : la post-édition. Ce modèle de travail concilie l’humain et la machine, les savoir-faire et les outils, pour mieux répondre aux besoins actuels du marché de la traduction.

À l'âge de l'information où tout va très vite et où la réactivité est fondamentale sur les marchés, la post-édition couvre d'énormes volumes de mots dans des délais réduits pour répondre aux besoins des entreprises (accélérer la mise sur le marché des produits) et des institutions (accélérer le flux d’informations).

Les progrès réalisés dans le domaine de la traduction automatique et l'émergence de la post-édition sont intrinsèquement liés à l'augmentation du volume de traduction qui s'explique par plusieurs phénomènes :

Dans une enquête publiée en mai 2012, Common Sense Advisory a calculé que le taux de croissance annuel du marché de la traduction dans le monde s'élève à 12,17 % en 2012 (Kelly et al 2012). Ses prévisions (en $ US) indiquent également que la région Amérique du Nord passera de 10 415 millions en 2011 à 16 490 millions en 2015 et que la région Europe passera de 14 757 millions en 2011 à 23 365 millions en 2015. 

Dans ce contexte, la post-édition a pour objectif d'augmenter la productivité pour répondre aux besoins du marché. En d'autres termes, traduire plus et plus vite en faisant intervenir des machines en premier lieu, puis des postéditeurs pour assurer une qualité humaine en second lieu.

Un processus post-éditionnel traite un nombre de mots supérieur à celui habituellement couvert en traduction traditionnelle. Si un traducteur professionnel est censé traduire en moyenne environ 2000 mots sources par jour (processus traductionnel complet), la moyenne attendue du post-éditeur est d’environ 3500 mots sources par jour. La post-édition permet donc de traiter environ 30 000 mots supplémentaires par mois et par personne pour une rémunération égale. Le volume de documents à post-éditer ne cesse par ailleurs d’augmenter, puisque la post-édition traite un volume de mots supérieur à celui en traduction, pour un budget équivalent pour les clients. Le contenu qui n’était auparavant pas traduit pour des raisons de contraintes budgétaires est aujourd’hui de plus en plus souvent post-édité.

Il tombe par ailleurs sous le sens que la post-édition ne s'applique pas à tous les types de documents. Les documents hautement rédactionnels ou à structure très libre ne sont donc pas concernés. La littérature, la poésie, le marketing et l'édition en général sont donc des genres non post-éditables. Les documents à dominante technique obéissant à des règles précises pour la terminologie, la syntaxe et la structure sont, quant à eux, parfaitement post-éditables.

2 Profil de compétences

2.1  L’art de jongler avec les mots

Vous avez dit : « agile d’esprit » ?

La post-édition évoluée professionnelle mise en œuvre par les ingénieurs de services Recherche et développement d’agences de traduction ou de localisation consiste à modifier, corriger, remanier, adapter, réviser et relire un texte produit par un processus qui associe diverses technologies de pré-traduction automatique et de TAO (voir Robert 2010).

Le post-éditeur effectue quatre types d'activités :

La post-édition se situe à mi-chemin entre la traduction et la révision. La post-édition ne consiste en effet pas à traduire puisqu'une pré-traduction sert de base au travail à effectuer, ni à réviser puisqu'il ne s'agit pas d'une traduction humaine, mais d'une pré-traduction. Il s'agit d'un exercice très particulier, qui implique une gymnastique cérébrale bien spécifique. La pré-traduction automatique des phrases ne bénéficiant pas de remontées de mémoire s’entend dans le sens de premier jet effectué par une machine devant être revu et corrigé par l’homme.

Il convient également de développer des schémas mentaux inédits : les erreurs produites par les machines sont différentes des erreurs commises par les êtres humains et la pratique de la post-édition est un exercice de haute voltige intellectuelle qui nous amène à disséquer et à analyser les textes différemment et à réagir et à fonctionner différemment.

Le post-éditeur recherche avant tout l'efficacité. Son rôle ne consiste pas à tout retraduire, ni à tout réécrire, ni à rajouter des corrections stylistiques inutiles. Pour être efficace, le post-éditeur doit avant tout s'attacher à corriger les défauts structurels (contresens, faux sens, non‑sens, oublis) et à gommer les défectuosités non structurelles (erreurs de grammaire, de syntaxe et de ponctuation, fautes d’orthographe).

La courbe d’apprentissage et la période d’adaptation à cet exercice qu’est la post-édition sont courtes pour des traducteurs et localisateurs expérimentés, le but étant que le langagier parvienne à post-éditer une phrase plus rapidement qu’il ne l’aurait traduite en partant de zéro. La capacité d’analyse des phrases et de repérage des points à modifier s’affine avec l’expérience, et le post-éditeur développe, au fil des années, un haut degré d’acuité et de précision dans le processus post-éditionnel. En acquérant de nouvelles facultés au niveau du décorticage, de l’analyse, du pointage, du repérage, de l’évaluation et de la modification, le post-éditeur devient un jongleur professionnel, très réactif, vif d’esprit et capable d’alléger et de clarifier toute phrase avec une efficacité redoutable.

Grâce à cette agilité intellectuelle, le post-éditeur appréhende différemment la traduction traditionnelle lorsqu'il revient à ce type d'exercice et y est encore plus performant, car sa vigilance a décuplé.

2.2  Environnement technologique

Vous avez dit : « technophile » ?

Un processus post-éditionnel nécessite une période d'adaptation du point de vue technologique. Même si le post-éditeur travaille dans son environnement matériel et logiciel habituel (TAO, Internet, reconnaissance vocale, utilitaires variés, double écran), il se doit de le maîtriser parfaitement pour optimiser son efficacité. Pour cela, il doit donc être particulièrement à l’aise avec l’informatique de manière générale et faire preuve d’astuce en cas de nécessité.

Même si les intelligences artificielles suscitent la méfiance, elles ne font pas fondamentalement concurrence à l’humain : personne n’est capable de produire en quelques secondes la pré-traduction de plusieurs milliers de mots et, à l'inverse, aucun moteur de pré-traduction automatique ne fournit la réflexion nécessaire pour assurer la qualité et l'intelligibilité qu’un être humain peut apporter à une traduction.

L'imbrication traduction automatique-traduction assistée par ordinateur associe plusieurs composants du point de vue technique :

De manière générale, plus un processus post-éditionnel humain-machine est personnalisé et adapté aux besoins spécifiques d’un client ou d’un produit, plus il sera performant au niveau des résultats de la pré-traduction automatique et moins il nécessitera d’intervention humaine après coup. Seules des agences de traduction ou de localisation compétentes techniquement et spécialisées dans ces domaines sont en mesure de proposer ce type de services sur mesure. 

Un post-éditeur ne doit toutefois pas se cacher derrière les machines et les outils pour prétexter ou justifier une baisse de qualité de son travail. Quels que soient les moyens employés pour produire un texte cible, ceux‑ci doivent rester transparents, et le résultat final doit correspondre aux critères professionnels attendus. Que l'on traduise ou que l'on post-édite, sans outil ou avec des outils bureautiques, des outils Internet, des outils et des fonctionnalités de TAO (avec mémoires de traduction, bases de données terminologiques, technologie d'alignement, reconnaissance terminologique, recherche contextuelle, cohérence intuitive en temps réel, chat interactif en mode de travail collaboratif), des outils de reconnaissance vocale, des outils de gestion de projet ou encore des outils de contrôle qualité, le résultat final doit demeurer de qualité. Pour cela, le post-éditeur doit s'approprier la machine dans le processus post-éditionnel pour en rester maître et l'utiliser intelligemment. Le post-éditeur est seul responsable de la qualité finale de son travail, quels que soient les moyens qu’il a utilisés.

2.3  Gestion de projet

Vous avez dit : « gestionnaire » ?

La post-édition requiert une part de travail non négligeable en gestion de projet. Le volume de mots étant souvent très important dans un projet de post-édition, le post-éditeur doit s'organiser pour appréhender au mieux la mise en place de ce projet et éviter qu’il ne devienne une usine à gaz. Une solide organisation, étape par étape, s’avère donc nécessaire pour travailler dans les meilleures conditions et se faciliter la tâche.

De nombreuses tâches de gestion doivent être systématiquement effectuées dans un projet de post-édition; elles concernent :

Ces capacités organisationnelles, administratives et relationnelles ne s’improvisent pas : le post-éditeur doit impérativement les connaître et les maîtriser pour être opérationnel et efficace.

3 Réflexions et perspectives

3.1  Qualité et post-édition

Vous avez dit : « perfectionniste » ?

La productivité et la rapidité ne sont pas incompatibles avec la qualité. Qu'est-ce qu’une post-édition de qualité ? Doit-elle être de bonne qualité (au niveau linguistique, sémantique et fonctionnel), de très bonne qualité (au niveau stylistique, technique et ergonomique) ou encore d’excellente qualité (au niveau rédactionnel et discursif) ? L'excellence est-elle recherchée dans un contexte d'industrialisation de la profession de traducteur, notamment dans les domaines technique, informatique et multimédia ? L’acceptable est-il aujourd’hui qualitativement suffisant dans l’industrie de la traduction ? Une traduction simple, mais correcte et efficace est-elle de moindre qualité qu’une traduction travaillée dans les moindres détails ?

À l'extrême, le donneur d’ordre peut même partir du principe que, dans certains cas, le lecteur/l’utilisateur tolérera un certain niveau de « langage artificiel » (forme stylistique et syntaxe inhabituelles) à partir du moment où le texte reste intelligible (le message est transmis au niveau sémantique), exact et grammaticalement correct. Dans l'industrie aéronautique et dans le domaine des assurances, il est parfois même question de langues contrôlées qui sont simplifiées et normalisées à outrance.

De manière générale, les agences de traduction ou de localisation qui offrent des services de post-édition proposent deux niveaux de qualité. En fonction de leurs besoins et de leurs budgets, les donneurs d’ordre optent pour une « qualité de base acceptable » (Basic Quality) ou pour une « qualité comparable ou égale à une traduction humaine » (Premium Quality). Dans ses consignes relatives à la post-édition des traductions automatiques, le groupe de veille et de réflexion sur la traduction automatique TAUS (TAUS/CNGL 2010) définit ces deux niveaux de qualité de la manière suivante :

Le niveau « acceptable » est compréhensible (vous pouvez comprendre le contenu principal du message) et exact (sa signification est identique à celle du texte source), mais sa forme stylistique est discutable. Le texte traduit peut sembler artificiel, la syntaxe peut s’avérer inhabituelle et la grammaire, imparfaite, mais le message est transmis.

Le niveau de qualité comparable ou égal à une traduction humaine est en général défini comme compréhensible (un lecteur comprend parfaitement le contenu du   message), exact (la traduction a le même sens que le texte source) et stylistiquement correct, même si le style n’est pas nécessairement aussi bon que celui obtenu par un traducteur humain dont la langue maternelle est la langue cible. La syntaxe est normale, la grammaire et la ponctuation sont correctes.

L'assurance qualité occupe une place prépondérante dans un processus post-éditionnel professionnel. Il s'agit d'une activité sérieuse qui repose sur un énorme travail de fond : préparation de bases de données terminologiques, élaboration d'un guide de style, rédaction d’instructions propres à la post-édition et au niveau de qualité requis, informations sur le produit et le public visé, choix pertinent d’outils (moteur de prétraduction automatique et logiciel de TAO) et sélection de post-éditeurs en fonction de leurs compétences, de leurs domaines de spécialité et de leur expérience. Sur les gros projets pour lesquels le niveau de qualité doit être comparable ou égal à une traduction humaine, un texte post-édité fait systématiquement l'objet d'un contrôle qualité sous forme d’échantillonnage intégralement revu par un réviseur. Des outils de contrôle qualité permettent également aux post-éditeurs et aux réviseurs de détecter des incohérences terminologiques et phraséologiques ou encore de passer les textes par des correcteurs grammaticaux, orthographiques, syntaxiques et typographiques surpuissants.

À l’ère de l’ingénierie linguistique, le post-éditeur doit plus que jamais faire appel à son bon sens pour produire un travail de qualité dont il reste déontologiquement pleinement responsable, et ne pas accepter de commandes dont les conditions seraient contraires aux bonnes pratiques professionnelles.

3.3  La formation en post-édition

Vous avez dit : « formatrice » ?

Depuis 2009, je dispense des modules de sensibilisation théorique à la post-édition dans trois masters de traduction en France, mon approche pédagogique visant davantage à informer qu’à former en tant que tel.

Je me heurte en effet à un obstacle de taille qui m’empêche de passer à l’enseignement pratique de la post-édition. L'association intelligente de diverses technologies de TAO et de pré-traduction automatique ne peut être mise en œuvre que par des ingénieurs et des techniciens spécialisés qui préparent en amont le processus post-éditionnel dans des agences de traduction ou de localisation. À moins de signer un partenariat avec l’une d’entre elles pour former les étudiants à la post-édition évoluée professionnelle, je me trouve dans l’impossibilité technique de mettre en place de tels cours.

Il m’est seulement possible d’instaurer des exercices de post-édition brute directement à partir de moteurs de pré-traduction automatique peu fiables disponibles gratuitement sur Internet. Leurs résultats ne présentant aucun intérêt réel par rapport à la post-édition évoluée professionnelle, je préfère ne pas suivre cette voie. D’autant plus que dès qu’une phrase est post-éditée, son résultat est immédiatement enregistré dans le moteur de pré-traduction automatique utilisé et est immédiatement mis à la disposition des étudiants qui n’ont pas encore post-édité la phrase en question. La confidentialité des données traduites immédiatement accessibles sur Internet pose également problème. Je me contente donc pour l’instant de distribuer de véritables exemples de phrases à post-éditer dont j’ai fait des copier-coller dans un fichier d'exemples au gré de mes propres projets professionnels.

Il arrive malheureusement que, pendant leur stage, des étudiants soient amenés à faire de la post-édition brute en repassant derrière des moteurs de pré-traduction automatique trouvés sur Internet. Pour éviter ce type d’abus, il me semble indispensable de sensibiliser les étudiants à la différence entre post-édition brute et post-édition évoluée professionnelle en les informant de manière pertinente et adaptée.

Cette remarque vaut également pour les traducteurs professionnels qui souhaiteraient se lancer dans la post-édition. Faute de formations continues en post-édition, il est indispensable pour eux de se tenir informés. De nombreux colloques et revues spécialisées sont consacrés à la post-édition qui ne cesse de prendre de l'ampleur au niveau de la demande et de l’intérêt qu’elle suscite sur le marché de la traduction.

Conclusion

Après avoir partagé mon expérience en tant que post-éditrice, il me semble important de préciser que la post-édition n’est qu’une corde à mon arc qui occupe environ le quart de mon activité professionnelle. Pour toutes les raisons susmentionnées, la post-édition correspond à une réelle demande et elle représente à mes yeux une spécialisation qui a du sens technologiquement et économiquement à condition de l’appliquer avec professionnalisme et déontologie. Je n’ai pas vendu mon âme au diable en me lançant dans la post-édition et j’ai jusqu’ici toujours refusé de post-éditer avec un niveau de qualité autre que comparable ou égal à une traduction humaine. La post-édition m’épanouit professionnellement, que ce soit au niveau des domaines traités, des outils utilisés, des techniques de travail mises en place, des compétences acquises notamment en gymnastique cérébrale et des activités connexes qui y sont liées.

La post-édition occupe une place de plus en plus importante sur le marché de la traduction. Il convient de lui attribuer l’importance qu’elle mérite en continuant à la rationaliser, à la modéliser et à la documenter, en envisageant de manière cohérente et raisonnable son enseignement en formation initiale et en formation continue et en développant la recherche et des outils spécifiques.

Bibliographie

Cet article a été rédigé sur la base de l'expérience personnelle de l'auteure auprès de ses clients dont la documentation, les processus et les outils sont propriétaires et confidentiels.

Biographie

Photo_Biographie_AnneMarieRobertAnne-Marie Robert est titulaire d'un DESS de traduction professionnelle (ITIRI, Université de Strasbourg). Elle exerce en tant que traductrice technique et marketing indépendante depuis 1997 en France. Aujourd’hui formatrice-consultante dans ses domaines de spécialité (nouvelles technologies, TAO, localisation, post-édition), elle enseigne dans plusieurs masters de traduction et participe en tant qu’experte à des projets de l’Union européenne. Elle est également membre du Bureau de la SFT et de l’AFFUMT (Association française des formations universitaires aux métiers de la traduction).
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